LE REPORTER D’IDÉES ENTRE LE SAGE ET L’INSENSÉ

Qu’on le déplore ou non, la question des médias ne laisse personne indifférent et fait aujourd’hui question : elle suscite de multiples discussions passionnées et débats houleux. Or, l’idéal de l’intellectuel esquissé par Kant dans « Qu’est-ce- que les Lumières ? », a sans doute vécu pour faire époque et « diagnostiquer notre présent ». On n’a pas voulu discerner ici qu’il s’agissait d’un effort vers les Lumières (Aufklärung), non de l’affirmation d’une « opinion » éclairée contre une autre. En ciselant l’originale fiction théorique du « reportage d’idées », Michel Foucault veut dissiper ce malentendu en prônant que « les intellectuels travailleront avec les journalistes au croisement des idées et des événements ». Il désire surmonter - à l’aide de cet inédit syntagme oxymore, l’image d’Epinal biaisée de l’intellectuel qui se contenterait souvent des échafaudages sophistiqués de la pensée discursive sans s’engager dans l’actualité brûlante des bruits du monde et sans se soucier de s’adresser au plus grand nombre.